Louis Schoon
Passion mécanique
LIBERIA 175
EXPLICATIONS ET PLANS
Le moteur : Il s'agit d'un Jonghi type E de 100 cm3, avec un cylindre de Mobylette en alu chromé dur, une culasse de 125 Peugeot. La bielle est celle d'une mobylette. Un carter en alliage léger abondamment aileté dans le plan vertical usiné à cet effet vient se greffer sur l'avant du carter Jonghi qui a été scié. Le vilebrequin est réalisé dans la masse, rectifié, alésé et équilibré de façon à pouvoir tourner à « 15 000t/mn » (dixit le magazine scooter et Cyclomoto).
Mais Louis Schoon a, semble-t-il, rectifié : ce serait plutôt 10 000 t/mn. L'alimentation s'effectue par l'intermédiaire d'un disque distributeur. L'allumage se fait par batterie-bobine. De ce fait, les masses de vilebrequin doivent être lourdes pour compenser l'absence de volant d'inertie et le volume mort dans le carter réduit au maximum. La boîte de vitesse utilise les pignons du 100 Jonghi. Une boîte 5 vitesses a été prévue.
Pierre Astier
SCOOTER ET CYCLOMOTO N°97 - JUILLET 1960
Un amateur très averti : M. SCHOON
Ses nombreuses réalisations personnelles, témoignant de connaissances techniques et pratiques très poussées ont rapidement fait connaître M. Schoon parmi les motocyclistes. Il réalisa, entre autres, un 175 à refroidissement liquide qui fonctionnait fort bien, 175 qui fut muni d'un distributeur rotatif et qui permet à Louis Schoon de très intéressants résultats dans les courses belges auxquelles il participe régulièrement depuis le début de la saison (M. Schoon habite à Roubaix).
Tenté par les courses de 50 cc, Louis Schoon ne pouvait faire autrement que de se construire, ici aussi, son propre moteur. Très aimablement, il a bien voulu faire profiter nos lecteurs de ses travaux, ce dont nous le remercions encore ici.
LA « RECETTE »
Prendre un vieux 125 Jonghi type E, dont la boîte de vitesses devra être en bon état. Y ajouter un cylindre de Mobylette en alu chromé dur que l'on coiffera d'une culasse provenant, elle, d'un 125 Peugeot. Et encore une bielle de Motocyclette. Le reste du travail « maison », exigeant beaucoup de patience.
LE CARTER
Le carter Jonghi sera scié dans sa partie avant, puis « dressé » à fleur de la paroi du carter de vilebrequin, côté transmission primaire. Puis, dans un bloc d'alliage léger, on usine un carter (voir cote et forme sur le dessin) ayant un nombre suffisant d'ailettes. Sur l'arrière de cette pièce, on supprimera les ailettes afin que ce nouveau carter puise s'encastrer dans le bloc Jonghi scié.
LA CULASSE
On bouchera les anciens trous de la culasse Peugeot à l'aide de petits jets en alliage léger qui seront emmanchés à force. Descendre la culasse en lui supprimant une ailette horizontale. Puis on percera la culasse afin qu'elle puisse laisser passer les goujons du cylindre de Mobylette. Et voici une super-culasse pour 50 cm3, puisque l'on n'en trouve pas dans le commerce.
LE VILEBREQUIN
Le vilebrequin est réalisé dans la masse, rectifié et alésé là où il faut. Les portées seront rectifiées avant de le tronçonner en deux parties. Maneton en acier spécial traité. La bielle provient d'une Motocyclette récente (un telle bielle tient une saison de course en Belgique, malgré le taux de compression imposé et le régime de rotation). Le tout est monté avec le piston, bien aligné et équilibré afin qu'il puise tourner à 15.000 t/m sans vibration (entraîné au banc par un moteur électrique). Le vilebrequin est équilibré comme pour l'Itom : équilibre dans toutes les positions avec la bielle nue et polie. Ce vilebrequin est assez lourd afin de pouvoir se passer d'un volant d'inertie (allumage par batterie-bobine).
ALIMENTATION
A l'image des 125 et 250 cm3 de course MZ, l'alimentation se fait par l'intermédiaire d'un disque distributeur, le canal d'admission débouchant à l'entrée inférieure d'un des transferts. Ce canal d'admission fait 22 mm de diamètre. Pour compenser le volume mort de ce canal entre le disque et le transfert, les masses du vilebrequin sont très près de la bielle (5 mm) et affleurent le carter, tant dans le fond que sur les côtés. De même, les trous d'équilibrage sont obturés.
CYLINDRE
Actuellement les cotes de transferts sont celles d'origines. Par la suite, ils seront progressivement agrandis.
BOITE DE VITESSE
La boîte 3 vitesses utilise les pignons du 100 cm3 Jonghi, ceux-ci donnant des rapports plus serrés, que ceux de la 125. Mais elle sera bientôt transformée en boîte 5 vitesses : un pignon à 5 gradins viendra sur l'arbre primaire, alors que l'arbre secondaire recevra les pignons du 100 et 125 cm3 (qui devront être amincis à la rectifieuse). L'arbre à pignon 5 gradins et le sélecteur sont encore à réaliser.
PLANS DESSINES PAR LOUIS
MOTO LEGENDE N° 276 - Mars 2016
Reconstitution de la Libéria façon Louis Schoon
Louis Schoon, un préparateur de génie
Nous avons rencontré celui qui est à l'origine de cette reconstruction dans l'esprit Schoon de l'époque : Jean-Pierre Uffren.
"Dans les années 70, Louis Schoon avait prêté sa machine pour une exposition, et elle ne lui a jamais été restituée. Après avoir récupéré le moteur complet grâce au club Ydral France, nous avons donc eu l'idée de reconstruire la moto dans sa version course de vitesse, et non Endurance, en partant d'éléments d'origine Libéria et en restant au plus près de ce qu'aurait fait Louis...
Ci-dessous l'article complet :
MOTO LEGENDE N° 277
Témoignage suite au n° 276
Abonné à votre revue dès les première heures, j'ai été très égréablement surpris de l'évocation de la vie de Louis Schoon (dans le n° 276) que j'ai très bien connu. Il a, entre autres choses, été l'un des premiers fondateurs des "Amis de la moto" (première fournée), la grande passion de sa vie a été les motos.
Ce que votre article ne dit pas, c'est que Louis Schoon avait perdu l'usage d'un oeil, et que malgré ce handicap majeur, il était quand même un vrai champion. Il parlait souvent des moteur Jonghi, il les aimait et savait les améliorer. C'était vrai aussi pour les Ydral.
Je me souviens qu'un soir, lors de notre réunion des Amis de la Moto, il m'avait demandé de le suivre avec ma Thunderbird afin de controler sa vitesse.
A ce moment-là, la circulation n'était pas celle qu'elle est aujourd'hui, et sur le boulevard qui conduisait à Tourcoing, il a monté sa machine à plus de 140 km/h (il était neuf heures du soir et la circulation était nulle, nous pouvions nous permettre ce "petit écart").
J'ai eu l'occasion d'être véhiculé par lui en voiture.
Pour compenser son handicap, il portait le tête sous un certain angle de façon à ce que son oeil valide se trouvât dans l'axe de la route si l'on peut dire.
Je dois avouer que j'ai eu une frousse de tous les diables et que j'étais content lorsqu'il a arrêté.
Je ne me souviens plus de la marque de sa moto que nous avons contrôlée si ce n'est que c'était un petit deux-temps.
Je me souviens aussi que l'on venait le consulter pour ses avis autorisés. Quand il venait chez l'un d'entre nous, ses premiers mots étaient " Garçon, fais-moi voir tes motos !"...
Il est de bon ton de faire l'éloge de nos disparus, mais il s'avère que parfois c'est amplement justifié ici.
Sa concession Volvo à Tourcoing était digne d'un musée. Son épouse, sa fille et son fils étaient aussi convertis que lui. S'ils me lisent, ils ne pourront qu'abonder dans mon sens. Bref, avec son départ, c'est toute une époque qui a disparu chez nous dans le Nord. En matière d'artisanat et de réalisations personnelles s'entend.
En conclusion, continuez à nous "pondre" de bons articles et enquêtes.
Respectueusement (très) vôtres,
Jean Bourel, Lille (59)
JEAN PIERRE UFFREN
RECONSTITUE LA MOTO DE LOUIS SCHOON
Article de Jacques Boudon sur le site "La Provence"
A ce niveau là, ce n'est plus de la mécanique, c'est de l'archéologie. Et "l'archéologue", c'est Jean-Pierre Uffren, un homme, comme l'on dit, bien connu des Carpentrassiens pour avoir été, entre autres, élu municipal et patron de la MJC. Mais ce que ses contemporains ne savent peut-être pas de lui, c'est que ce fringuant septuagénaire est un fan absolu de motos historiques et que son "dada" définitif, c'est l'Ydral, un moteur construit en France entre 1945 et 1962 par un certain Anatole Lardy (au fait, Ydral, c'est l'anagramme de Lardy).Justement, c'est pour avoir reconstruit, à partir de photos et de documents originaux, une moto équipée d'un de ces moteurs Ydral que le Carpentrassien se retrouve distingué par nos confrères spécialisés de La vie de la...
La reconstitution de la moto de Louis Schoon, et son moteur Ydral qui est, lui, original. Jean-Pierre Uffren, à droite, a fait un véritable travail d'archéologue de la mécanique.
PHOTO DR
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